Vape : une pétition pour sauver un secteur sous pression, entre espoir et incertitudes sanitaires

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Depuis la mi-octobre 2025, une pétition intitulée « Vaper n’est pas fumer » a rassemblé plus de 220 000 signatures en France, en réaction à l’article 23 du projet de loi de finances 2026 qui assimile la vape aux produits du tabac et prévoit une forte fiscalité ainsi qu’une interdiction de la vente en ligne des e-liquides et cigarettes électroniques.

Ce texte alarme les professionnels de la vape indépendante, qui redoutent des fermetures en chaîne de boutiques spécialisées et de sites d’e-commerce. Pour autant, des experts de la santé rappellent que, si la vape est moins nocive que le tabac, elle n’est pas sans risques et reste un produit encore mal connu à long terme, ce qui pose une question centrale : comment protéger sans interdire ?

Ce que demande la pétition « Vaper n’est pas fumer »

La pétition cible directement l’article 23 du projet de loi de finances 2026, qui classe les produits de vapotage dans la même catégorie fiscale que le tabac et introduit une taxe comprise entre 30 € et 50 € par litre de e-liquide, à laquelle s’ajoute la TVA à 20 %. Selon ses initiateurs, cette fiscalité ferait exploser le prix des liquides nicotinés et découragerait des centaines de milliers de fumeurs d’utiliser la cigarette électronique comme outil de sevrage.

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Les auteurs dénoncent aussi la création d’un statut d’ »établissement agréé » placé sous contrôle des douanes, jugé trop lourd pour les 3 500 boutiques spécialisées françaises qui fonctionnent souvent avec de petites équipes. Les signataires estiment que l’article 23 menace un secteur qui fédère environ 4 millions de vapoteurs, 20 000 emplois et près de 4 000 entreprises en France, dont une majorité de TPE-PME indépendantes de l’industrie du tabac.

Le texte est perçu comme une « machine administrative » susceptible de provoquer la fermeture immédiate d’environ 3 000 emplois, voire davantage à moyen terme, si la hausse des prix entraîne une chute de la demande. Cette contestation très politique s’inscrit dans un contexte où le tabac reste responsable de plus de 75 000 décès par an et coûte près de 156 milliards d’euros chaque année à la collectivité, selon Santé publique France, ce que les défenseurs de la vape utilisent pour insister sur le rôle du vapotage dans la réduction des risques.

Les boutiques spécialisées en première ligne

Les boutiques de vape, qui ont essaimé dans de nombreuses villes moyennes et quartiers périphériques ces dix dernières années, se présentent aujourd’hui comme un maillon essentiel de l’accompagnement à l’arrêt du tabac. Les professionnels mettent en avant leur rôle de conseil personnalisé, du choix du matériel à l’ajustement du dosage de nicotine, un suivi qui serait difficilement remplaçable par les bureaux de tabac ou les grandes surfaces. Plusieurs acteurs du secteur estiment qu’une part significative des 23 % de fumeurs quotidiens encore recensés en 2023 pourrait basculer vers des produits combustibles si l’offre de vape indépendante se réduit.

Ces commerces rappellent aussi que la vape n’a reçu aucune subvention publique pour se développer, contrairement à d’autres dispositifs d’aide au sevrage comme les substituts nicotiniques remboursés. Derrière les chiffres, beaucoup de gérants expliquent que leurs magasins ont permis à des milliers de clients locaux de passer en quelques mois de plus d’un paquet par jour à une consommation exclusivement vapée. Pour eux, l’enjeu dépasse la défense d’un marché : il s’agit d’éviter un « retour en arrière » en matière de réduction du tabagisme, alors que la part de fumeurs quotidiens recule depuis 2016 en France.

Les e-commerçants, victimes collatérales de l’interdiction en ligne ?

La pétition met particulièrement l’accent sur l’interdiction de la vente en ligne des produits de vapotage prévue par l’article 23, une mesure qui suit la tendance de plusieurs pays européens ayant déjà restreint l’e-commerce de la vape pour des raisons de traçabilité fiscale. Pour les sites spécialisés, cette disposition couperait l’accès au vapotage pour des centaines de milliers de consommateurs, notamment en zones rurales ou dans les territoires où aucune boutique physique n’est implantée.

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Les acteurs de l’e-commerce craignent que ces clients se tournent vers le marché noir ou vers des plateformes étrangères, incontrôlables pour l’État comme pour les autorités sanitaires. Si vous choisissez Nhoss pour l’achat de vos cigarettes électroniques et e liquides français, sachez qu’ils font partie de ceux qui mettent avant des gammes d’e-liquides contrôlés et conformes à la réglementation européenne, soutiennent ouvertement cette mobilisation contre l’article 23 et alertent sur un « plan social inédit » dans le secteur si l’interdiction en ligne est maintenue.

Nhoss fait partie des e-commerçants français engagés, qui proposent à la vente des cigarettes électroniques de qualité
Nhoss fait partie des e-commerçants français engagés, qui proposent à la vente des cigarettes électroniques de qualité

Les e-commerçants estiment que leurs sites ne sont pas de simples vitrines commerciales, mais aussi des espaces d’information, de tutoriels, d’avis clients et de conseils sur le sevrage tabagique, auxquels de nombreux vapoteurs se réfèrent avant d’acheter. Pour eux, encadrer plus strictement la vente à distance serait acceptable, mais une interdiction pure et simple reviendrait à « offrir le marché » aux cigarettiers et aux réseaux parallèles.

Les inquiétudes des autorités sanitaires

Face à cette mobilisation, les autorités de santé rappellent que la cigarette électronique demeure un produit relativement récent, dont les effets à long terme sont encore mal documentés. En 2022, le Haut Conseil de la santé publique estimait que les preuves étaient jugées insuffisantes pour recommander la vape comme outil de sevrage de première intention, tout en reconnaissant qu’elle pouvait aider certains fumeurs à réduire ou arrêter leur consommation.

Des organismes comme Santé publique France soulignent par ailleurs la nécessité de lutter contre l’augmentation de l’expérimentation de la vape chez les jeunes, alors que plus de 40 % des 18–75 ans l’ont déjà testée au moins une fois. Les spécialistes de santé publique redoutent aussi l’essor de pratiques plus risquées encore, comme le vapotage de substances psychoactives non nicotinées, qui a déjà provoqué des cas d’intoxications graves chez des adolescents en 2024 selon l’Agence nationale de sécurité du médicament.

De nombreux médecins défendent une approche de réduction des risques : mieux vaut vapoter que fumer, mais mieux vaut encore ne ni fumer ni vapoter. Dans ce cadre, la fiscalité et les restrictions d’accès sont conçues par certains experts comme des leviers pour éviter banalisation et initiation des non-fumeurs, même si elles peuvent compliquer le parcours des fumeurs en sevrage.

Un outil de réduction des risques… mais pas un produit anodin

Les données disponibles montrent que la vape est globalement moins toxique que la cigarette combustible, car elle ne produit ni goudron ni monoxyde de carbone, deux composants majeurs à l’origine des cancers liés au tabac. Plusieurs études internationales, relayées par des associations de patients et des acteurs de la réduction des risques, indiquent que passer totalement de la cigarette au vapotage permettrait de diminuer d’au moins 70 % certains marqueurs d’exposition aux substances cancérogènes.

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D’après des synthèses comme celle de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives, une proportion importante de vapoteurs quotidiens sont d’anciens fumeurs qui ne consomment plus de tabac. Pour autant, les liquides de cigarette électronique contiennent de la nicotine, substance qui entraîne une dépendance, ainsi que des arômes et solvants pouvant irriter les voies respiratoires à fortes doses ou sur des durées prolongées.

Les autorités rappellent que les bénéfices de la vape sont surtout clairs pour les fumeurs qui basculent complètement vers ce produit, beaucoup moins pour les « double utilisateurs » qui continuent à fumer quelques cigarettes par jour. En filigrane, votre perception de la vape dépend donc largement de la comparaison de risques : pour un fumeur de longue date, le gain peut être significatif ; pour un non-fumeur, le vapotage introduit au contraire un risque inutile.

Des chiffres qui alimentent un débat de société

Pour éclairer ce débat, plusieurs indicateurs clés sont régulièrement mis en avant dans les rapports publics ou par les acteurs de la vape. En France, environ un quart des adultes de 18 à 75 ans déclarent encore fumer, dont près d’un sur cinq quotidiennement, tandis qu’environ 40 % des adultes disent avoir déjà expérimenté la cigarette électronique.

Selon les regroupements de professionnels, la filière indépendante de la vape fait vivre près de 20 000 salariés et plus de 3 500 boutiques spécialisées, souvent situées en centre-ville ou en zones semi-rurales. Ces chiffres sont régulièrement repris par les initiateurs de la pétition, mais aussi par des syndicats de buralistes ou des associations anti-tabac qui y voient, chacun, des arguments distincts :

  • 156 milliards d’euros : le coût annuel du tabac pour la collectivité française, en dépenses de santé et pertes de productivité ;
  • 75 000 décès : le nombre de morts attribués chaque année au tabagisme en France, soit plus que les accidents de la route, les homicides et plusieurs cancers réunis ;
  • 4 millions de vapoteurs : l’ordre de grandeur avancé par les pétitionnaires pour décrire la population concernée par l’article 23 ;
  • 0 € d’accise en 2026 : le niveau retenu pour la taxe spécifique vape dans la trajectoire budgétaire, en attendant une fiscalité européenne prévue d’ici 2028.

Ces quelques ordres de grandeur montrent pourquoi le débat dépasse largement la seule question fiscale : il touche à la politique de santé publique, à la lutte contre le tabagisme et à l’avenir d’un secteur économique qui s’est développé sans soutien financier de l’État.

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D’après les chiffres compilés par des plateformes d’information comme JeSuisVapoteur à partir des données de Santé publique France, la hausse de la vape en France s’est accompagnée d’une baisse sensible du nombre de fumeurs quotidiens depuis la fin des années 2010. Reste à savoir si la nouvelle régulation renforcera cette dynamique ou, au contraire, créera une rupture au profit du marché du tabac.

Sensibiliser davantage plutôt qu’interdire totalement ?

Entre les partisans d’une régulation très stricte et ceux qui dénoncent une « criminalisation » de la vape, une voie médiane se dessine : celle d’un encadrement renforcé couplé à une information claire du public. Plusieurs experts mettent en avant une logique de hiérarchie des risques : viser l’extinction progressive du tabac en donnant un cadre sécurisé à la vape pour les fumeurs adultes, tout en protégeant fermement les mineurs et les non-fumeurs.

La vape n’est ni un produit miracle ni un ennemi absolu : c’est un instrument de réduction des risques qui doit être utilisé là où il est utile, c’est-à-dire chez les fumeurs qui n’arrivent pas à arrêter autrement.

Déclaration de Bertrand Dautzenberg, pneumologue, lors d’échanges publics sur la réduction des risques liés au tabac, milieu des années 2010.

Dans cette perspective, interdire totalement la vente en ligne ou alourdir brutalement la fiscalité sur la vape peut apparaître disproportionné au regard des bénéfices observés chez les fumeurs qui parviennent à quitter la cigarette grâce à ces produits. À l’inverse, ignorer les signaux d’alerte sur l’usage chez les jeunes, le vapotage de substances non réglementées ou les incertitudes de long terme reviendrait à reproduire les erreurs commises avec le tabac au XXe siècle.

La véritable urgence, pour vous qui lisez ce débat, est peut-être moins de choisir un camp que de vous informer, de questionner vos propres pratiques et, si vous êtes fumeur ou vapoteur, de chercher un accompagnement fiable pour réduire au maximum les risques que vous prenez au quotidien.


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